Centre de Traitement et de recherche de la Douleur, CHU Rouen
Professeur, école de Sages-femmes du CHU de Rouen
Chargé de cours, D.I.U. « Douleurs », et Capacité « Douleur » (fac. de médecine : Rouen Caen, Amiens, Paris)
Président de l’Institut Milton H. Erickson de Normandie
Responsable de formation à l’Association Francophone d’Hypnose Médicale et Dentaire
Membre de la confédération francophone d’hypnose et de thérapie brève
Membre de la Société Québécoise d’Hypnose
“En fin de compte aujourd’hui, dans le public, y compris dans le monde médical, on pense que l’hypnose c’est quelque chose d’un peu magique, d’un peu artificiel. On a encore le sentiment que l’hypnotiseur et notamment l’hypnotiseur de music-hall a un pouvoir extraordinaire de suggestions sur les personnes ou les patients. C’est pas du tout ça.
Aujourd’hui, on garde le mot « hypnose » parce que c’est l’histoire de la médecine dans deux branches essentielles : l’anesthésie, l’analgésie et la psychiatrie et ce qui est intéressant c’est que fin du 19e siècle les aliénistes qui sont devenus les psychiatres utilisaient l’hypnose.
C’est vraiment la première forme de psychothérapie et les anti-doloristes, médecins anti doloristes qui sont devenus les anesthésistes eux aussi utilisaient l’hypnose en même temps qu’on découvrait le chloroforme et l’éther etc. . Ensuite, il y a de grands médecins, de grands psychologues qui ont fait avancer l’hypnose, notamment l’école de Nancy puis après on est arrivé à Milton Erickson et nous, les contemporains qui proposeront et qui utilisent l’hypnose en consultation médicale, en consultation psychologique et dans les hôpitaux, dans les cliniques dans les centres anticancéreux.
C’est important et la définition de l’hypnose aujourd’hui, on dirait après tout que c’est une approche cognitivo-comportementale, puisque le patient qui vient est anxieux, centré sur la réalité, sur ses peurs etc. , on va l’aider en mobilisant son imaginaire, son imagination.
Il y a plusieurs façons de mobiliser l’imagination. On va les aider pour vivre par exemple ou de la douleur ou de l’angoisse liée à la maladie, liée à l’intervention qui va venir etc. , de l’angoisse de demain. On va aller effectivement les aider en mobilisant leur imagination à se reconstruire et en fin de compte, on se rend compte que c’est par l’imagination que on a, que le patient a une influence positive ou négative sur son corps malade et c’est par l’imagination que le soignant va permettre à ce patient de gérer ou de la douleur dans un soin invasif ou de gérer la douleur de la maladie mais aussi de gérer l’angoisse.
En fait, on a des approches qui vont permettre aussi de permettre au patient de se rendre compte qu’il existe encore, il vit encore, il peut se réapproprier son corps et c’est ça qui est important, parce qu’en fin de compte, par la maladie, par la médicalisation (on est d’accord) qui forcément est nécessaire, les patients ont le sentiment de perdre leur corps.
Donc cette approche, je dirais presque psycho-corporelle, liée à l’hypnose en mobilisant le cerveau, les connexions , les représentations mentales de la personne de façon différente et qui va permettre à la personne de se dire » oui , j’existe encore , oui malgré tout ce que mon corps vit, malgré l’amputation, malgré … et cetera je peux me réapproprier mon corps » et pour les soignants, que ce soit à Becquerel , que ce soit ailleurs en France , c’est effectivement de montrer aux patients oui forcément , il y a la chirurgie , oui forcément , il y a la chimiothérapie oui forcément il y a la radiothérapie etc.
Mais aussi forcément on a besoin d’eux pour les aider à se réapproprier leur corps, évidemment quand c’est possible et se réapproprier leur vie ou les aider quand effectivement on est au bout du chemin. Et c’est pour ça que pour moi, l’hypnose, j’aime bien ce mot hypnose parce que je m’appuie sur les anciens.