Anesthésiste-réanimateur, référent en hypnose médicale au CH de Saint-Brieuc. Après avoir longtemps pratiqué l’hypnose au bloc opératoire, il est désormais consultant en hypnose médicale. Ancien président de l’Institut Milton H. Erickson de Touraine (IMHET), il est formateur en hypnose, coordinateur pédagogique Ipnosia Saint-Brieuc, et membre du comité éditorial de « La Revue de l’hypnose et de la santé » (Dunod).
Quels sont les avantages selon vous de l’hypnose en anesthésie / l’hypnosédation ?
L’anesthésie, en tant que spécialité médicale, est volontiers conçue et perçue comme très technique (technologie du monitorage, praxie des actes anesthésiques) ; la dimension humaine n’est pas toujours clairement perçue, et l’hypnose vient précisément la renforcer, l’enrichir et la replacer au centre du soin.
Les techniques de communication hypnotique permettent de rendre le bloc opératoire plus accueillant et rassurant aux yeux des patients ; par exemple, l’hypnosédation transforme un acte présumé désagréable en un moment inattendu, qui laissera au patient un souvenir positif. Lors d’un passage ultérieur au bloc opératoire, le patient se trouvera dans une disposition d’esprit plus favorable, et les soins n’en seront que mieux vécus.
L’hypnose permet donc de valoriser le passage au bloc opératoire, au bénéfice du patient bien sûr, et aussi de l’équipe soignante, car l’ambiance de travail s’en trouve modifiée.
Je trouve que l’adjonction de l’hypnose simplifie le travail de l’anesthésiste (médecin ou infirmier).
Les effets bénéfiques sur le stress et l’immunité se traduisent aussi par des suites opératoires plus simples, une consommation moindre en antalgiques, une reprise plus rapide de l’autonomie, voire un retour plus précoce à domicile.
Quels actes sont concernés par cette pratique ? Existe-il des contre-indications ?
“Tous les actes peuvent être concernés, car la dimension humaine, la réassurance et l’établissement d’un lien privilégié avec le patient prennent leur place à tout instant, pour chaque acte de soin.
Cependant, certaines situations bénéficient tout particulièrement de l’apport de l’hypnose : l’anesthésie locorégionale, la sédation, les actes itératifs et/ou très anxiogènes (mise en place de cathéters à chambre implantable pour chimiothérapie, pansements douloureux, etc.), ou encore lorsque l’adjonction de l’hypnose permet de réduire le retentissement de l’anesthésie en autorisant une technique plus « légère » : une hypnosédation plutôt qu’une anesthésie générale, une hypnose à la place d’une sédation. On observe constamment un effet d’épargne morphinique et narcotique (avec la réduction des effets secondaires qui en découle). De manière plus générale, l’homéostasie est mieux préservée.”