Dr Jean Marc Benhaiem, directeur du D.U Hypnose de Paris VI, Praticien Hôpital Ambroise Paré (Boulogne) et Hôtel Dieu (Paris).
L’hypnose est un processus naturel tendu entre deux pôles. Ces deux pôles sont des attitudes ou des comportements opposés. A une extrémité la personne a la volonté et l’intention de maitriser toute chose, à l’autre pôle, elle est présente corporellement et se réfère à ses sensations et plus du tout à son mental. L’équilibre est trouvé lorsque la personne circule facilement d’un mode à l’autre. Ces deux modes sont des expériences communes qui font partie de notre physiologie normale. L’hypnose sert essentiellement à quitter le mode « contrôle » pour rejoindre son opposé qui se caractérise par une souplesse d’adaptation à l’environnement. Les pathologies se développent lorsque la personne ne parvient plus à changer de mode et donc à s’adapter à la situation présente. L’hypnose, en s’intéressant à ce processus, est donc tournée vers la personne et non vers un corps à réparer. Toute la place est laissée au subjectif. Les protocoles décrits dans ce dossier montrent bien que l’on tient compte du subjectif et de l’expérience des patients. Le général cède le terrain au particulier. Le thérapeute s’intéresse à son patient en tant que personne originale et non pas en tant que bloc de chair qu’il faudrait piquer, droguer ou découper. Cet abord par l’hypnose, dans le cas de douleurs par exemple, est tellement attendu par les patients installés dans leurs souffrances, que l’hypnose n’apparaît plus comme une thérapie complémentaire mais comme la thérapie pertinente qui répond précisément à la souffrance ressentie par le patient. Ce travail d’évaluation arrive à un moment où les demandes de formation à l’hypnose médicale affluent dans les Universités. Les soignants découvrent l’hypnose thérapeutique et ses effets parfois spectaculaires pour calmer une douleur ou une phobie invalidante. Au point que l’on se demande pourquoi l’hypnose avait disparu de l’art de soigner ?